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Lucas et le Monde

Lucas et le Monde

La vision du monde vu par Lucas, dix-Sept ans. Chroniques, Fictions, Critiques cinéma, ...


Fiction : L'ange du bus

Publié le 19 Mai 2015, 14:14pm

Fiction : L'ange du bus

Il s'était fait virer, la troisième fois en six mois. Pourtant il a tout pour plaire, il a un talent, une bonne petite gueule d'ange et une situation stable. Ca c'est passé juste avant, il y a quelques heures. Il avait fini d'écrire le papier que son patron lui avait demandé, il l'avait reçu dans son bureau. Le rédacteur était l'archétype du type infâme, il était gras, boudiné dans son costume acheté chez le chinois du coin. Il avait une moustache, celle qui ne fait même pas l'intégralité de la lèvre supérieure, il avait des poils qui lui sortait du nez. On voyait sur sa moustache les traces de fumée qu'il s'amusait à ressortir par son nez lorsqu'il avait entre ses dents un gros cigare cubain, enfin pseudo cubain. Il avait une veste en velours, usée au niveau des coudes signe qu'elle n'était pas de première main, que plusieurs personnes avant lui avaient aimé cette veste, l'avaient portée tous les jours pour un jour la jeter aux oubliettes. En dessous, il avait une chemise rouge bordeaux, le bon goût était de rigueur avec sa veste kaki, les boutons étaient sur le point de céder sous la pression de son gros ventre... Pour tenir son vieux pantalon noir, des bretelles lui faisait ressortir son appendice, tout pour plaire à la gente féminine. Entre les boutons on pouvait voir sa peau blanchâtre où poussait poils et furoncles en cohabitation plutôt tranquille. Les mots qu'ils prononçaient étaient gras, vous savez, ces mots lourds, pesant, atroces à subir, surtout lorsque que cela vient de votre ancien patron. Il ne savait pas ce qu'élégance voulait dire, les femmes étaient des objets pour lui et surtout les immigrés venaient causer tous les tords de notre pays, bien entendu. Le licencié s’est assis sans rien dire devant le bureau de qualité suédoise au fameux pris de 39 euros en promotion, les coins s'étaient arrondis et les pieds commençaient à céder sous la menace de son gros cul du patron. Mais revenons maintenant, au sans emploi. Il était tout le contraire du patron. Avec son mètre quatre vingt dix, il dominait souvent la pièce dans laquelle il rentrait. C'était une de ces personnes spéciales, tellement louche qu'il fascinait tout le monde autour de lu, Il savait se faire discret, comme si sa propre personne ne l'intéressait pas. Physiquement, il était ce qu'on pouvait appeler un beau garçon, les yeux bleus avec une légère barbe, des cheveux blonds qui venaient ajouter de la couleur à son visage sinon ténébreux. Les heures à pratiquer la boxe lui on donné un corps d'apollon. Mais avec les femmes ça ne marchait pas, jamais personne ne s'intéressait à lui, à cause d'une immense balafre qui lui massacrait le visage. Et c'est cette histoire que nous allons voir,elle nous expliquera pourquoi, depuis cette nuit à l'arrêt de bus de sa petite ville de campagne, sa vie a radicalement changé.

Reveons deux ans en arriere, il se rendait à son premier job. Il avait été embauché dans une radio miteuse, comme il en existe plusieurs milliers dans un même département, il devait assurer les blagues, les sketchs d'une émission qui durait en général de minuit à quatre - cinq heures du matin. Sa situation, comme vous pouvez l'imaginer, n'était pas très glorieuse pour avoir du accepter ce boulot. Le contexte dans lequel il devait assurer sa première émission était particulier. A l'époque il partageait sa vie avec une fille, une fille magnifique, comme nous ont vendu les films hollywoodiens. Elle était grande, élégante, venait d'une famille aisée elle lui offrait ce qu'il lui manquait depuis tout petit, un équivalent de famille. Il vivait une réelle utopie avec elle, tout allait bien, elle le couvrait de cadeaux, de surprises, de voyages mais un jour elle n'a plus voulu. Petite princesse dans son château fait de lingots et de billets a été lassée du petit écrivain sans famille. Et deux jours après, il devait faire rire tous les auditeurs de la radio. Elle lui avait laissé une semaine pour trouver un nouvel appartement, une chambre de bonne, une piaule pour dormir. Il avait envie de tout sauf de faire rire autour de lui. Elle était au téléphone quand il était sorti pour prendre le bus, un simple regard en coin c'est tout ce qu'elle lui offrait. Il a pris son attaché case avec ses blagues dedans et il est parti.
Il a marché loin de chez lui, il fuyait ce qu'avant il considérait comme son cocon, son chez lui, son havre de bonheur. Il était environ vingt trois heures, les larmes lui coulaient sur les joues, il hurlait à l'intérieur de son être, ses poings se serraient au fond de ses poches. Ses ongles s'enfonçaient dans sa propre peau, sa mâchoire était serrée ; tellement serrée qu’il avait l’impression qu’elle était à deux doigts de se broyer elle même. Il voyait les bars où ils aimaient dépenser leurs salaires, à jouer à des jeux imbéciles que seuls les amoureux pouvaient comprendre, il revoit aussi le restaurant du premier baiser, le premier cinéma ou leurs corps se sont mélangés. Il courait presque pour fuir tout ça, il ne pensait plus qu'à partir de ce paradis perdu, il se sentait Lucifer s'étant fait bannir du paradis. Il devait alors trouver son propre enfer à lui, un royaume ou il serait roi. Un royaume dans lequel, l'alcool et les amis seraient colonels dirigeant des armes de lettres, de phrases qui marcheraient comme un seul homme sur tous les innocents de cette planète, il voulait marquer les esprits. Son arrêt de bus était au bout de la rue, il regardait sa montre qu’elle lui avait offert pour son anniversaire, il avait dix minutes d'avance. Dix minutes à broyer du noir et à écouter des chansons dans lesquelles l'artiste crachait ses poumons à hurler des phrases qui traduisaient son état d'esprit. Il n'y avait pas un chat aux alentours, le silence était roi. Il se tenait debout sous la pluie fine, les gouttes venaient s'accrocher aux verres de ses lunettes.
Il était assis sur le banc, il relisait certains sketchs sur son portable, lui aussi cadeau d'un amour révolu. Il entendait des bruits de pas, des bottines s’il se fiait au son. Au fur et à mesure que ce bruit s'approchait, son coeur battait de plus en plus vite, comme s'il pensait que ces pas étaient ceux d'un ange gardien venu le tirer d'une situation catastrophique. "Bonsoir.", c'était une voix de femme qui lui avait adressé ces mots. Sa voix était douce, mielleuse, innocente. Son corps semblait se réchauffer sous ses mots pourtant simples. "Le prochain bus, à quelle heure est il ? Il est bien à vingt trois heure trente ?", il leva alors les yeux pour pouvoir admirer celle qui avait posé cette question, qui s'intéressait soudain à lui car oui, si elle lui avait posé cette question c'était bien sur pour ouvrir le dialogue. Les horaires sont affichés juste à coté de lui, elle aurait pu ne rien dire et juste regarder le tableau d'affichage. "Oui c'est bien ça, vous êtes même un peu en avance du coup" lui avait répondu notre homme. Elle prit les devants et s'assis juste à coté de lui, encore une fois il y avait un autre banc à l'autre bout de l'abribus mais non elle voulait se rapprocher de lui. Il ne savait pas comment réagir, mais une chose est sure, avec son rapprochement il pouvait examiner alors son interlocutrice. Elle devait encore être au lycée, à peine majeure, elle portait une robe noire assez longues, avec des grandes chaussettes blanches qui lui montait jusqu’aux genoux. De toute évidence elle s'était habillé pour aller à un rendez vous galant, elle s'était même coiffée, comme une poupée. Des longs cheveux bruns qui tombaient sur les épaules, elle avait un grain de beauté en dessous de l'œil droit, sur sa pommette. Sa peau semblait si douce, aussi douce qu'une pièce de soie. Elle dégageait un parfum sucré, rappelant beaucoup de souvenirs, beaucoup trop au goût de l’homme. Il l'observait, discrètement sans rien dire, son visage était angélique mais on sentait que derrière cet air de sainte nitouche se cachait quelque chose d'important, de grave. Il s’avait qu’elle s'était construit une carapace autour de son physique pour qu'aucun ne puisse déchiffrer ce qu'elle avait au fond d'elle, elle voulait paraître forte pour les autres. Cette vision presque pathétique de cette jeune femme encore adolescente a beaucoup ému notre homme, il n'a pas pu retenir son émotion. C'était beaucoup trop pour lui, pourquoi avait il fallu qu'il rencontre cette fille à ce moment la de sa vie. Pourquoi fallait il qu'il la rencontre lorsqu'il souhaitait être tout seul, lorsqu'il souhaitait ne plus rien dire, ne plus exister juste se terrer dans son coin et attendre que l'orage passe ? Des larmes coulaient le long de ses joues, il se retenait pourtant, ses yeux d'ordinaire si bleus c'étaient alors transformé en deux globes oculaires injecté de sang débordant de larmes. "Ca ne va pas ? Je ne voulais pas vous sembler envahissante, mais un homme qui à l'air aussi désespéré que vous m'attire. Si Dieu a voulu que nous nous rencontrions aujourd'hui c'est bien pour une raison, je pourrais vous venir en aide si vous commencez déjà par me dire votre prénom". Il en était sur, c'était bien son ange gardien. Il n'avait jamais cru en Dieu, et pour un instant seulement il l'a remercié. "Mon prénom n'a pas d'importance, ne vous attardez pas sur moi, vous finiriez par le regretter. Dieu ne vous as pas mis sur votre chemin pour que vous m'aidiez mais pour vous soumettre à la tentation.". Il n’a pas su pas pourquoi il avait dis ça. Son instinct avait pris le contrôle, il ne fallait pas que cet ange viennent gâcher l'enfer qu'il voulait se créer. Elle n'a pas réagi de suite, mais au moment ou sa bouche s'ouvrait le bus arrivait. Il s'était levé pour rentrer en premier dans le bus, mais elle le voulait. Elle l'avait décidé, il fallait qu'elle le suive. Après tout, cette carapace qu'elle s'était construite devait bien servir à quelque chose, non ?
Il s'était affalé sur le premier siège libre qu'il avait vu, sans prêter attention à ce qui se passait autour de lui, il n'avait même pas vu qu'elle c'était mise sur le rang juste à coté pour pouvoir le regarder. Il avait toujours ses écouteurs qui l'isolaient du reste du monde. La seule chose qu'il avait réussi à capter c'était les hommes encapuchonnés dans les derniers rangs, ils étaient une dizaine à parler fort, à s'insulter, à écouter de la musique. Pour lui ils n'étaient que des jeunes zonards comme il en existe dans chaque ville, le chômage et l'échec scolaire n'arrangeait pas les choses. Il était face à la fenêtre, regardant le paysage défiler sous ses yeux. Les champs s'effaçaient petit à petit pour laisser place aux usines puis enfin au building, siège social et autre bâtiment administratif toujours plus haut et plus moderne. Plus la ville approchait plus il se sentait léger, plus il succombait aux charmes de sa nouvelle future déception. Il cherchait son regard, ses yeux étaient redevenus bleus azur et ils s'amusaient, presque malgré lui, à plonger dans les yeux verts de son ange gardien. Plus le bus roulait plus il était vivant et oublier son cauchemar qu'il venait de quitter par lâcheté aussi soyons honnête. L'autobus était enfin arrivé à son arrêt, les lumières se rallumaient alors et les portes s'ouvraient. Notre homme a laissé passer l'adolescente devant lui par galanterie et surtout pour voir si elle allait l'attendre pour enfin finir sa phrase qu'elle voulait lui dire. Et son plan avait marché, puisqu'elle patientait à la sortie du bus. Il l’avait remarqué, lorsqu'il avait enlevé ses écouteurs, que les hommes assis dans le fond du bus parlaient de plus en plus fort. La ville dormait, en semaine il n'y avait que les mauvaises personnes qui traînaient dehors la nuit. Les seuls choses encore ouvertes étaient les sex-shops et les cinémas qui diffusaient les films que personne ne voulaient voir. En partant le bus a fait un bruit énorme, comme un coup de feu et il a disparu au fond d'une rue pour aller rejoindre son dépôt. Notre homme arrivait à sa hauteur, "Que vouliez vous me dire avant que le bus arrive tout à l'heure" ce sont les mots de quelqu'un d'autre qui sortait de sa bouche, le fait de partir de l'endroit qui lui avait donné tant de bonheur l'avait fais changé. Elle a essayé de dissimuler un léger sursaut lorsque le son de la voix légèrement cassé de notre homme lui est parvenu aux oreilles, entre le moment où elle l'a entendu et le moment où elle s'est retournée, elle a pu réécouter sa voix "Mon prénom c'est Cham, je pense que vous avez reçu une bonne éducation catholique et vous savez à quoi cela fait référence ?". Plus elle entendait sa voix plus elle avait envie de l'aider, envie de le sauver de son cycle vicieux dans lequel il s'était volontairement inséré. Elle ne savait plus ce qu'elle voulait lui dire, elle semblait comme troublée par cet homme, ils n'étaient presque plus que tout les deux sur terre. Comme si le monde sur lequel ils gravitaient avait été créé juste que pour que cet instant arrive, qu'ils se rencontrent. Elle n'avait jamais cru au coup de foudre, la religion et la raison lui avait fait prendre un chemin bien différent des filles de comédie romantique. Mais avec lui c'était différent, il lui sondait l'âme quand il plonger dans son regard. Elle était partagée entre l'euphorie amoureuse et la peur d'être vulnérable, peur qu'il puisse savoir ce qu'elle avait enduré et ce qu'il y avait sous cette carapace. "Vous avez l'air d'être ailleurs, mademoiselle je ne voulais pas vous importuner plus que ça" dit il après avoir scruter sa montre qui brillait encore quelque semaine avant d'un amour étincelant , "Je ne peux pas rester, mais merci bien en tout cas" Il lui déposa un baiser sur sa joue avec un léger sourire, il glissa un "A bientôt je l'espère" dans le creux de son oreille. Il devait partir en face de la où il était, dans le dos de la fille. Il l'a légèrement bousculé et il est parti sans se retourner, du moins c'est ce qu'il pensait.

Il allait mettre ses écouteurs où la musique tournaient depuis le début, mais lorsque l'oreillette commença a bien se positionner dans son oreille, il entendis un cri. C'était pourtant monnaie courante dans cette région du monde, d'autant plus qu'il était dans une grande ville où la nuit régnait en grande impératrice jusque dans les moindres recoins... Lorsqu'il s'est mis à courir dans le sens contraire du chemin pour rejoindre la radio où l'émission allait bientôt débuter, sans lui, hélas. Les pavés défilaient sous ses pieds, les lumières des foyers encore allumés semblaient fuir la présence de notre homme, elle était en danger et il le savait. Lorsqu'il est arrivé au niveau de la rue principale qu'il a emprunté après avoir bousculé la jeune femme, il a vu le spectacle, le bien terrible spectacle. Ses jambes ne lui obéissaient plus, c'était son instinct qui parlait, son désir au plus profond, celui de revoir et d'apprécier la présence de cette fille. Qu'es ce qu'il voyait ? La petite était dos au mur, et face à elle, face à elle... Ils étaient quatre ou cinq, tous encagoulés. Ils riaient beaucoup, cette sorte de rire hystérique très aigu. Ils se forçaient probablement pour la faire peur et notre héro, qui alors courait vers ce qu'il considérait comme sa future promise s'est stoppé. Il avait peur, lui qui pourtant avec vécu dans la misère des instituts pour jeune en détresse sociale jusqu'a ses seize ans, lui qui s'était très souvent bagarré dans des pubs juste pour passer le temps, pour se défouler. Pour une fois il avait peur, ce n'était pas lui qui était en position de force. Mais lorsqu'il fut assez proche pour distinguer tous les détails du visage de la jeune fille il ne pouvait pas détourner le regard, il ne pouvait pas faire comme si de rien était. Elle ne voulait pas les regarder dans les yeux, elle avait le regard fuyant mais une main gantée lui a pris par le menton avec un doigt sur chaque joue pour la forcer, la forcer à le regarder dans les yeux. Notre homme savait ce qu'ils allaient faire quand il a vu un couteau sortir de la poche d'un des agresseurs. Il a alors repris sa course, encore plus vite qu'avant. "Vous avez pas honte de vous en prendre à une fille, regardez la elle est même pas majeur, vous avez pas assez de couilles pour vous affronter à un vrai mec c'est ça ?" Voila ce qu'il leur a dit quand il est arrivé derrière eux, c'était de la pure provocation, il ne pensait pas un mot de ce qu'il a dit, il a juste fait appel à son instinct. Quand elle a entendu sa voix son visage s'est comme détendu, elle le savait qu'elle était sauvée, mais elle ne pensait pas que ça prendrait cet aspect ci du sauvetage. Les cinq hommes se sont alors retournés, et lorsqu'ils ont vu cet homme plein de rage dans les yeux, avec les poings serrés sur son attaché caisse ils se sont mis à rire. "Tu veux la sauver ta princesse, tu sais ce qui t'attends n'est ce pas ?" Notre homme n'a pas répondu, il a juste ravalé sa salive en échangeant un sourire avec la fille qu'il venait à peine de rencontrer. Elle avait les larmes qui coulaient sur ses joues, au fond d'elle elle ne voulait pas qu'il prenne sa place. Quand deux des hommes l'ont pris par les épaules pour la dégager du mur pour la pousser plus loin elle a hurlé sa détresse, son amour pour le jeune homme mais elle était impuissante. Pour le prouver tous on rigolé devant cet abandon de soi même, devant cette détresse. Notre homme était toujours face à ce qui semblait être le leader du petit groupe d'agresseurs, ils se sont échangé un long regard et le sauveur à alors jeté sa mallette en plein dans le visage de l'homme cagoulé, il l'a facilement dévié sauf qu'il ne surveillait plus notre homme qui en profita pour se rapprocher de lui et lui porter un énorme coup de poing en pleine face. Deux secondes à peine deux hommes ont couru vers le futur passé à tabac pour le maîtriser. Quitte à se sacrifier pour elle autant y mettre les formes. En deux trois mouvements il s'est retrouvé face au mur, il se tenait droit en fixant les yeux le leader qui avait probablement le nez cassé. "Comme je t'aime bien petit, tu as le choix soit la version douce soit la version dont tu te souviendras tout les matins en te regardant dans la glace" voila ce qu'il lui a dit comme dernière parole avant de passer à l'acte. Notre sauveur, sachant très bien que s'il répondait il allait se ridiculiser, que de toute façon ce qui allait se passer allait être horrible alors il cracha au visage même de son bourreau et ne dit rien d'autre. Ce dernier a rigolé pendant un long moment et a fait signe aux autres de lui tenir les épaules et le visage pour qu'il ne puisse pas bouger. Lorsque notre homme a vu le couteau qui allait s'enfoncer dans sa bouche, il l'a lui même ouvert en souriant. "Tu te souviendras de moi à chaque moment de ta vie petit" et à ses paroles, à ses paroles… La lame se posa à la commissure de ses lèvres. Le bourreau a marqué un petit temps en fixant notre sauveur dans les yeux, puis en regardant la fille qui, par terre était en pleurs. "Tout ça pour elle ? Laissez-la partir les gars" Et à la fin de cette phrase, il a fait pénétrer la lame dans la peau fine du coin des lèvres, et d'un coup sec à sectionné en deux la joue. Notre héro a hurlé si fort qu'il a lui même déchiré ses propres tissus qui tenaient encore avec quelque bout de peau. Il hurlait sa douleur, et plus il hurlait plus sa déchirure s'accentuait. L'agresseur a retiré petit à petit son couteau de la plaie, essuyant le sang qui avait coulé sur la lame sur le front de l’homme volontaire pour se sacrifié. Il a recommencé la même chose pour l'autre coté des lèvres. Il avait maintenant un sourire gravé au plus profond même de sa peau car cette cicatrice, il l'a gardé toute sa vie. La douleur était telle qu'il s'est évanoui, cognant sa tête fortement sur les pavés au sol.
Lorsqu'il se réveilla à l'hôpital, la police était là, autour de son lit. La presse était conviée à l'événement, un nouvel héros venait de voir le jour et il fallait donc que le monde entier le sache. Il a alors ouvert doucement les yeux, comme lorsque l'on se réveille d'un long sommeil, tellement long que l'on a eu le temps de rêver une autre vie que la sienne, une vie pleine de soleil, de vie, d'eau et d'océan. Il entendait les sons venir à lui comme s'il avait été plongé pendant son sommeil dans un aquarium et qu'il en émergeait. Son seul désir était d'être seul avec le miroir et il a demanda en hurlant aux docteurs si la cicatrice allait être aussi voyante toute sa vie. Voila pourquoi cet homme si charmant n'avait jamais eu depuis cet événement aussi tragique une femme ou même une famille. Il était seul, avec son sac, ses articles de presse plus ou moins drôle et son chien. Voila le sort qui lui était destiné depuis cette soirée à l'arrêt de bus, une vie de solitude mais au moins il sait que s'il ne s'était pas sacrifié pour rien, ce soir la, une femme magnifique comme le jour aurait pu avoir à subir cette vie solitaire et il ne voulait pas de ça pour elle. Où était-elle aujourd'hui ? Les seules nouvelles qu'il avait eu d'elle ça a été une lettre qu'elle était venu déposer dans sa chambre pendant qu'il dormait sous l'effet de la morphine. Elle lui disait qu'elle ne pouvait pas le revoir, que cette nuit pour elle résonnait comme un cauchemar, elle ne voulait plus jamais entendre parler de notre homme. Son sauveur devrait rester anonyme, elle voulait tout oublier de cette nuit la, elle pensait qu'en coupant les futurs possibles liens qu'ils auraient pu avoir entre eux alors peut être qu'elle serait plus heureuse. Elle s'en voulait d'avoir fait souffrir autant une personne qu'elle connaissait à peine. Et le voila alors, en une soirée il avait tout perdu, sa copine, son job, sa future copine et son visage.
Revenons dans le bureau du patron, notre homme était debout, droit comme un "I" devant l'homme gras, ce dernier déblatérait les conneries que chaque patron lui avait balancé à la tête. Cette fois s'en était trop, l'écrivain avait du talent mais avec son physique de marginal aucun journal ne le gardait puisque son visage devait être à coté de son article. Son énervement commençait à monter de plus en plus en lui, comme une cocotte minute. Il regardait dans les yeux du patron, tout le répugnait chez lui, notre homme était si raffiné, calme et réfléchis et ce gros porc était tout l'inverse de ça. Il n'avait qu'une envie c'était de tout plaquer, encore une fois et marcher loin de ça, loin de toute cette société qui n'avait pas envie de lui. Alors il coupa le patron d'une voix sèche et lui dit : "Ecoutez moi bien monsieur, vous savez quoi, votre discours disant que mes articles ne correspondent pas à votre ligne éditoriale j'en veux pas, j’en veux plus. J'y crois pas, vous voyez cette cicatrice sur mon visage ? Regardez-la ! Ne détournez pas le regard, imaginez que si j'ai eu le courage de me sacrifier pour sauver une fille qui n'en voulait pas alors imaginez ce que je pourrais faire à un patron de journal qui jouit de son pouvoir pour laisser ses vieilles mains dégeulasses se promener sur les nouvelles secrétaires qui ont encore des étoiles dans les yeux. Je n'ai pas de leçon à recevoir de vous petit dictateur à la solde de la consommation, regardez vous un peu. Vous me dégoûtez, vous êtes à vomir, c'est quand la dernière fois que vous avez vu vos pieds ? Qu’allez-vous me faire maintenant que vous m'avez viré ? Vous ne pouvez pas me mettre n'importe quelle pression que ce soit. Arrêtez de faire passer des messages démagogiques dans votre journal en ayant juste un but, le vendre. Je ne crois pas en Dieu mais j'pense que votre place ne sera pas au Paradis, la luxure et la gourmandise sont des pêchers capitaux monsieur, et avant de traiter les petites gens comme moi comme de la merde pensez à ce que vous feriez sans nous. Comme je ne pense pas à avoir mes indemnités de licenciements, sachez que je n'en veux pas, vous pouvez vous les foutre au cul, mes respects adieu." Tout l'open space derrière eux avait arrêté de travailler, tous les journalistes, attachés de presse etc étaient debout devant les baies vitrées. Notre homme qui d'habitude était si discret avait rameuté tout le monde. Il s'était mis face à eux, leurs exposant son visage gâché par une cicatrice qui était devenu petit à petit toute sa vie. Il marchait vers la sortie, sortant du bureau du patron sous les insultes qu'il murmurait car il avait peur de ce qui pouvait se passer si notre homme se retournait pour le ruer de coup. Il déambulait au milieu de la petite foule, vers l'ascenseur. La porte s'ouvrit, il entra dedans sans se retourner. Il repartait à zéro comme souvent, sans rien, plus d'argent, plus rien. Dans son 12 mètres carrés de merde a Paris, avec son vinyle rayé de Chopin qui tourne en boucle. Ses quelques amis voulaient sortir boire un coup ce soir et il en avait envie pour une fois. Il s'est habillé devant la glace, Chemise blanche a motif branché, jean slim avec chaussure de costume et il prit son foulard dans sa main droite. Ce fameux foulard… Il était devenu son bouclier, celui qui le protégeait de tous les regards extérieurs, celui qui était la quand tout allait mal, celui qui avait envie de le prendre par la main quand l'avenir lui faisait du pied comme pour dire "Allez garçon ne te prive pas de ton bonheur, tu as tout fait pour cette fille mais s'il te plait arrête de penser à elle comme ça, arrête de te réveiller en pleine nuit en repensant au regard des types qui te lacèrent la tronche, allez garçon enroule moi autour de ton cou et cache ton passé et ouvre-toi aux autres." Mais ce soir, non ce soir il n'avait pas envie de sortir avec son meilleur ami, il n'avais jamais essayé de faire sans ça, il n'avait jamais essayé de vivre en assumant son passé de faire de cette cicatrice sa force. Il s'est toujours considéré comme un clown triste, un clown forcé de rire quoi qu’il arrive. Mais, réfléchissez, qui n'a jamais rêvé de faire rire n'importe qui, n'importe quand dans la rue, dans le métro, chez eux et même aux chiottes. Lui il avait ce don la, alors pour une fois il allait faire de ses défaut une force. Il a lancé le foulard loin de lui, pris son blouson et a couru loin de chez lui. Il a eu une grosse sensation de déjà vu, il fuyait son chez lui, son passé, son ancien bonheur. La musique dans ses oreilles hurlait des paroles qui le touchaient en plein cœur. Pourquoi se réfugier dans son malheur alors qu'il avait toutes les cartes en mains pour être heureux. Il a couru alors pour rejoindre ses potes dans un pub où ils avaient l'habitude d'aller, tous les regards se retournaient sur son visage quand il croisait les bonnes gens. Nom de dieu qu'il était beau, et au détour d'une rue. Au détour d'une rue, il a croisé le regard d'une jeune fille. Qui devait avoir à peine 25 ans et il l'avait reconnu. Son monde s'écroulait, pourquoi il fallait qu'elle réapparaisse maintenant ? C'était celle qui l'avait accosté à l'arrêt de bus, celle qui s'était fait prendre à partir par une poignée de voyous, c'était elle qui avait lacéré le visage de notre homme. Il ne pouvait pas la laisser passer comme ça, il s'était arrêté de marcher en pleine rue. Elle était devant un salon de thé branché à fumer une cigarette avec plusieurs de ses copines. Il était à deux enseignes de la, il la scrutait. Il prit son cœur à deux mains et s'est avancé vers elle, et lorsque leurs regards ce sont croisé. Elle a lâché sa cigarette, et s'est rué vers lui. "Bonsoir tu te souviens de moi ?" Dit-il en passant sa main sur sa cicatrice avec un sourire en coin. Elle avait les larmes qui faisait couler son maquillage comme dans les films américains, "Je suis désolée d'avoir fait ça, je veux tout rattraper avec toi, je pense à toi depuis ce jour la, j'ai cherché à te retrouver mais j'avais peur d'être repoussée." Il prit la main de sa dulcinée dans la paume de sa propre main et que devait-il faire maintenant ? Renouer avec son passé destructeur ou avancer en tirant un trait sur tout ça ?

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U
Ta plume qui choisit le mot exact pour décrire un sentiment, un détail vestimentaire ou un grain de beauté, parfaaaait!
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